Une fois les dégâts réparés, l’incident fut vite oublié. Sandra partie rejoindre Éric aux Seychelles où une autre séance de photos l’attendait. Elle laissa son amie et le petit Thomas, rassurée, même si l’enquête de la police n’avait pas abouti. Chloé ne semblait pas plus inquiète que cela et avait repris ses habitudes : promenades dans la forêt en matinée et quelquefois excursions plus extrêmes lorsqu’elle parvenait à avoir la nounou qui, de temps en temps venait surveiller le petit, pour lui permettre de souffler…
Catégorie : Ecriture
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Le lendemain matin, elle fut soulagée d’accueillir Sandra qui rentrait des Maldives où elle avait servi de modèle à Éric Legall pour des photos de mode. Éric était resté sur place pour parachever le shooting.
Elles constatèrent les dégâts de l’incendie en parcourant le jardin ensemble. Le jardinier devrait réparer les ravages du feu et il faudrait faire venir un forestier de leur connaissance pour remettre en état la forêt de pins.
– Que s’est il donc passé ? ne cessait de répéter Sandra, te rends tu compte que vous auriez pu y rester toi et Thomas !
– La police n’a pas de piste pour l’instant si ce n’est les traces d’essence en haut de la colline.
– Est ce que tu crois que Victor puisse être derrière tout cela ?
– Aux dernières nouvelles, il a refait sa vie et sort avec une femme. Même si nous ne sommes pas encore divorcé, je ne comprendrais pas sa motivation ! -
Elle put réintégrer la maison le soir même. Les pompiers avaient fait du bon boulot car plus une seule flammêche ne s’ élevait des broussailles. La propriété avait souffert et de beaux arbres centenaires avaient été touchés par le feu, mais la bastide était intacte.
Elle appela son amie pour l’informer de la situation et Sandra décida d’écourter son voyage pour les rejoindre rapidement.
Chloé coucha Thomas de bonne heure et s’ installa ensuite devant un film comique. Elle avait besoin de penser à autre chose et de dissiper l’angoisse qu’elle sentait tout doucement monter. Elle n’avait jamais eu peur de se retrouver seule dans cette grande maison, mais aujourd’hui, elle s’ était surprise à tout verrouiller et à vérifier à plusieurs reprises que toutes les issues étaient bien sécurisées… -
Chapitre 13
– Nos enquêteurs ont signalé une mise à feu volontaire juste derrière chez vous. Savez vous qui a pu faire cela ?
Chloé posa le petit Thomas dans le siège nomade qu’on lui avait fourni et répondit au policier chargé de l’enquête. Cela faisait deux heures qu’elle attendait dans ce bureau de commissariat. On lui avait dit qu’elle allait être interrogée. En attendant, le service social de la mairie lui avait fourni tout le nécessaire pour l’enfant.
– Avez vous pu arrêter l’incendie ? s’ informa t elle inquiète pour la maison de son amie.
– Oui, mais vous l’avez échappé belle. Alors, voyez vous quelqu’un capable d’un tel acte ? insista t il.
– Mais non, protesta t elle, cette maison n’est même pas la mienne. Mon amie nous loge depuis la naissance de mon enfant.
– Des traces d’hydrocarbure ont été relevées en haut de la colline qui surplombe la maison.
Chloé secoua la tête, effarée.
– Qui a bien pu faire une chose pareille ?
– Avez vous des ennemis, madame Garris ? demanda le policier d’un ton grave.
Chloé hésita un instant puis se décida :
– J’ai déjà eu des problèmes avec mon mari, mais il y a de cela plus d’un an… -
Mais toute la maison allait brûler s’ ils ne se dépêchaient pas. Chloé se leva, le petit toujours dans ses bras et fit signe à la première voiture rouge qui apparut.
– Vous n’êtes pas blessée ? demanda aussitôt l’un des deux pompiers.
– Non, non, mais sauvez la maison, implora-t-elle.
Un camion citerne, sirène hurlante les dépassa à ce moment précis et franchit le portail sans s’ arrêter.
– Ils vont s’ en occuper, montez vous mettre à l’abri.
Chloé s’engouffra à l’arrière de la camionette et se laissa enfin souffler. -
Parvenue au portail, Chloé posa ses sacs à terre et essoufflée, s’ assit à même le sol avec Thomas sur ses genoux. On lui avait dit que quelqu’un viendrait la chercher. Elle jeta un coup d’oeil vers la bastide. Les flammes avançaient extraordinairement vite. Plus que cinq cents mètres et elles lècheraient la façade. Pourquoi les pompiers n’étaient-ils pas encore là ? Aurait-elle dû prendre sa voiture pour rejoindre la Nationale par ses propres moyens ? Elle était encore en train de se poser la question, lorsque la sirène lui parvint. Elle respira. Ils n’étaient plus bien loin…
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En s’ éloignant du foyer, Chloé put reprendre sa respiration. Elle était étonnée par ce soudain incendie et surtout par son ampleur. Que s’était-il donc passé après leur promenade de la matinée ? Pourtant tout avait l’air normal, et les cigales stridulaient comme à leur accoutumées lorsqu’elle avait arpentée la colline en compagnie de Thomas. Même si la chaleur était accablante, rien ne laissait deviner un tel départ de feu !
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Chloé reposa le combiné et se précipita sur Thomas qui commençait à bouger dans son parc. Elle le prit dans ses bras et courut jusqu’à la porte d’entrée qu’elle ouvrit d’un geste. Un vent de cendres tourbillona autour d’eux et une odeur âcre lui remonta dans la gorge. Instinctivement, elle repoussa le battant de la porte et recula. Que devait – elle faire ? Attendre les secours ou bien s’ aventurer jusqu’au portail ? Elle était indécise. Elle posa Thomas à même le sol dans le couloir et revint sur ses pas. Elle devait au moins se munir de son sac et de quelques effets de l’enfant. Elle rajouta un biberon de lait qu’elle avait préparé plus tôt.
Si jamais la maison brûlait, elle serait démunie de tout, songea-t-elle désespérée.
Elle récupéra le bébé d’un côté, les sacs de l’autre et rouvrit la porte. Elle respira un grand coup et fonça sans plus réfléchir sur la longue allée qui menait jusqu’au portail. Dans son dos, elle pouvait deviner le crépitement du feu qui dévalait la colline. -
– Allo ?
– Brigadier Chef des pompiers volontaires au téléphone. Nous avons l’ordre d’évacuer votre secteur car un incendie fait rage derrière les collines. Combien de personnes sont avec vous…
– Je suis seule avec mon enfant, bredouilla Chloé surprise.
– Nous vous envoyons une voiture pour vous évacuer immédiatement, annonça le militaire, tenez-vous prête.
– Oui, fit Chloé dans le vide car il n’y avait déjà plus personne au bout du fil. -
C’est encore la sonnerie du téléphone qui la sortie de sa torpeur. La chaleur l’avait terrassée comme rarement cela lui arrivait. Son premier sentiment fut celui de l’agacement. Encore une erreur ou bien un acte de malveillance. Elle fut tentée de laisser la sonnerie mais l’éventualité que son enfant se réveille brutalement la fit se précipiter vers l’appareil. En même temps, une forte odeur de brûlé la mit en alerte.